lundi 17 février 2014


Pour en finir avec le mythe d'une psychanalyse qui ignorerait tout ésotérisme ou spiritualité

Une mise au point sur le rapport de C.G. JUNG à l'astrologie

Par Laurence LARZUL

Dans l'esprit de bien des individus, il est commun de séparer d'une part la psychanalyse, la psychiatrie et de l'autre, l'astrologie et les sciences ésotériques dites "symboliques".
Au XXIème siècle il semble que cette vision "séparée" et surtout erronée (car ignorante) des choses doive être rectifiée. En effet s'il existe une "mauvaise" astrologie, c'est certainement parce qu'à l'inverse des psychanalystes ouverts à la dimension de l'âme, certains astrologues, eux, continuent de pratiquer une astrologie dite "scientifique" et se voulant "sans états d'âme". L'astrologie sur ordinateur en est l'avatar le plus répandu.

Celle-ci croit bien faire en se voulant "traditionnelle", "prédictive" et croit condamnable de s'ouvrir à toute vérité spirituelle. On peut y voir le stigmate d'une vieille "mémoire" qui déjà les avait condamnés, et certains astrologues continuent de vivre avec un "inquisiteur intégré", se défendant d'outrepasser le champ strictement "rationnel" de la pratique astrologique. Ceci relève de la simple "autocensure" en raison d'un passé douloureux, puisqu'il faut rappeler que jusqu'au milieu du XXème siècle encore, on pratiquait l'astrologie "sous le manteau", rasant les murs de crainte d'afficher un intérêt si peu orthodoxe au regard du dogme encore prégnant de la toute puissante église.

Ceci est essentiellement lié à l'héritage cartésien d'une astrologie française victime d'un ostracisme qui l'a mise en porte-à-faux tant avec le monde "scientifique" qu'avec l'univers du religieux. En vérité, comme elle est, par nature, un "pont" à la frontière du religieux et du scientifique, elle a historiquement fait les frais de la guerre idéologique opposant ces deux visions du monde. Et on peut dire qu'elle a été historiquement le bouc émissaire de cette lutte d'influence, ce qui explique son très particulier statut et son défaut de reconnaissance en tant que "champ de connaissance" à part entière dans notre société européenne.

Ceci n'est pas le cas en Asie où elle reste associée à une classe sacerdotale étant exercée traditionnellement par les brahman ou les moines et les lama. Autre trame historique et autre statut pour l'astrologie, donc.

Je pourrai toutefois développer sur l'influence des astrologues auprès de la Royauté française et à quel point ils ont "forgé" l'âme française jusqu'à l'avènement du "Roi Soleil", prémice de l'avènement d'une "théocratie" française qui n'a jamais eu lieu, mais c'est un autre sujet qui fera probablement l'objet d'un article ultérieur.

Son statut en Orient doit, quoi qu'il en soit, nous rappeler sa nature véritable et ce qu'elle aurait été si notre passé religieux n'avait eu à subir le joug impitoyable de l'inquisition.

Ainsi donc, ceux qui se voulant tenant d'une astrologie traditionnelle récuse le bien fondé d'une astrologie karmique au seul fait que le "karma" est un principe oriental persistent à ignorer le fait que la connaissance de la réincarnation a toujours été transmise via les loges ésotériques de façon cachée puisque ceci allait a contrario du dogme officiel de l'Eglise.

Mais depuis l'avènement de la laïcité, c'est à dire la séparation de l'église et de l'état en 1905, les astrologues occidentaux n'ont eu de cesse d'espérer voir naître une astrologie karmique. En témoigne les propos d'Alan Leo datant du début XXème siècle cité dans l'ABC de l'Astrologie Karmique, c'est à dire : plus d'un siècle !

Cette astrologie était donc "espérée" par tous les astrologues "initiés" et connaissant en matière de tradition ésotérique.

Il est si facile de s'improviser astrologue à l'aide de quelques manuels, sans avoir la culture ésotérique qui va logiquement avec. Ainsi, entend on dire tout et n'importe quoi sur ce que serait la "bonne astrologie". Disons le tout net, il faut être très ignorant pour considérer que "la bonne astrologie" serait exempte de toute relation à l'âme et à sa connaissance, laquelle s'est transmise via les écoles ésotériques reprenant bien souvent des connaissances traditionnelles orientales. En réalité, l'ésotérisme a toujours été inspiré de ces connaissances traditionnelles issues d'orient. Et on redécouvre actuellement le caractère très "chamanique" de nos philosophes grecs, "récupérés" par les rationalistes.

C'est donc uniquement en raison du fait que ces connaissances entraient en contradiction avec "le dogme" religieux de l'Eglise catholique qu'elles ont été repoussées dans "l'occultisme". Il a fallu attendre le XXème siècle avec notamment la théosophie d'Héléna Blavasky pour voir rejaillir ces connaissances au grand jour. Mais on oublie trop souvent de dire que Jung, reconnu comme l'un des pères de la psychanalyse, n'a eu de cesse, lui aussi, de "défricher" le terrain encore vierge des sciences dites "traditionnelles" et donc ésotériques.

Dans les pas de Paracelse, il s'est surtout versé dans l'étude de l'alchimie, reprenant les textes obscurs de cette tradition pour en faire le fondement d'un protocole thérapeutique et d'une connaissance des métamorphoses de l'âme.

Mais sa pratique de psychanalyste, comme en témoignent les lettres citées ci-dessous, était aussi fondée sur la pratique de l'astrologie qu'il utilisait pour les cas les plus récalcitrants à sa pénétration d'esprit. Même s'il ne montait pas lui-même les thèmes de ses patients, il témoigne plus bas du fait qu'il se référait communément à leur thème astrologique pour comprendre leurs ressorts intérieurs.
Voici quelques passages qui permettent de se faire une idée du lien de Jung avec l'astrologie :
Le premier texte est extrait de "L'homme à la découverte de son âme" (Albin Michel). Les deux suivants, sont deux lettres extraites des tomes II & V " C.G.Jung Correspondance" paru aux éditions Albin Michel.

Au Docteur B.Baur -(Zurich)
le 29 septembre 1934
Monsieur le Docteur,
Merci beaucoup pour les aimables démonstrations. En ce qui concerne l'argument de la précession*, ce n'est pas une objection contre la validité de l'astrologie, mais contre la théorie primitive affirmant que les astres eux-mêmes diffusent certains effets. L'argument de la précession dit, comme on le sait, qu'un homme [de notre temps] né dans le degré 1 du bélier (donc quand un degré du Bélier a, comme on dit, franchi l'horizon à l'est) n'est nullement né à cette date, mais au contraire dans le degré 2 des Poissons. Les forces secrètes du soleil sont dans le degré 1 du Bélier, la lune par exemple dans le degré 7 du Cancer, Vénus, Jupiter, dans des positions analogues ; elles ne sont donc pas en harmonie sur le plan astronomique et ne peuvent de ce fait pas venir de ces positions seulement apparentes et fixées arbitrairement. Aussi Choisnard* écrit-il très justement que : "Le Bélier reste toujours dans la 12e partie du zodiaque etc.", à l'évidence il entend par là que le soleil dans le Bélier n'est pas un énoncé astrologique, mais une indication temporelle. C'est le printemps qui recèle les forces agissantes, sans souci de savoir dans quel signe du zodiaque le soleil se trouve réellement. Dans quelques millénaires, lorsque nous dirons Bélier, le soleil se trouvera en réalité dans le signe du Capricorne, donc en plein hiver, sans que le printemps ait perdu de ses forces.

Le fait que l'astrologie donne pourtant des résultats valables prouve donc que ce ne sont pas les propositions apparentes des astres qui agissent, mais les temps qui ont été mesurés ou déterminés par des positions astrales auxquelles on donne des dénominations arbitraires. Le temps s'avère ainsi être un fleuve d'évènements rempli de qualités et non comme le voudrait notre philosophie, une conception ou une condition de notre entendement abstraite en soi.

La validité des résultats de l'oracle du I Ching* fait ressortir le même fait étrange. L'exploration soignée de l'inconscient montre une étrange coïncidence avec le temps, ce qui explique d'ailleurs que les Anciens aient pu projeter la succession de contenu perçus inconsciemment et intérieurement dans les cadres extérieurs temporels de nature astronomique. Ce fait est à la base des liens existant entre les évènements spirituels et les cadres temporels. Il ne s'agit donc pas par exemple de liens indirects comme vous le supposez, mais de liens directs. Conjonctions, oppositions, etc. ne sont vraiment pas influencés par le fait qu'arbitrairement nous appelons degré 1 du Bélier ce qui est degré 2 des Poissons.

Meilleures salutations,
Votre dévoué [C.G.Jung]

*Le point de l'écliptique (orbite solaire apparente) où se trouve le soleil au moment de l'équinoxe, le 21 mars (degré 0 du Bélier), est appelé point vernal (ou point gamma). Par suite du mouvement gyroscopique de l'axe de la terre, le point vernal se déplace sur l'écliptique dans le sens des aiguilles d'une montre. C'est ce que l'on nomme sa précession. Ce phénomène fut découvert au 2è siècle avant J-C, par l'astronome grec Hipparque de Samos. Une révolution complète du point vernal le long des douze constellations que compte l'astronome derrière l'écliptique, dure environ 25 000 ans sur la toile de fond d'une constellation différente (un "mois platonicien"). Pendant les 2 000 derrières années, on pouvait voir la constellation des Poissons derrière le point vernal. Maintenant il s'approche du Verseau. Dans l'astrologie occidentale, la précession du point vernal n'est pas prise en considération, au contraire même, dans les horoscopes actuels le point vernal est toujours placé dans le degré 0 du Bélier. C'est ce qui constitue le principal argument contre l'astrologie.

*Paul Flambart (Paul Choisnard) Preuves et Bases de l'Astrologie scientifique, 2è édition, Paris 1921, p.162:"… aujourd'hui comme dans l'antiquité on peut appeler Bélier la douzième partie du zodiaque que traverse le soleil aussitôt après l'équinoxe de printemps…".

* Traduit du chinois en allemand et expliqué par Richard Wilhelm, Iéna 1923, 2 volumes. Il s'agit d'un livre de sagesse et de prophéties dont les origines remontent à l'antiquité mythique.

Question adressée à Jung : "Si, comme vous le prétendez, notre psyché se trouve projetée dans les choses, qu'elle anime de ses propres données inconscientes, comment se fait-il que l'astrologie et les autres "sciences occultes" présentent de l'intérêt aux yeux de l'homme réputé conscient ?"

Réponse de Jung : L'astrologie a une grande importance et je suis loin de la sous-estimer. Cela ne veut pas dire qu'il faille supposer que les constellations éternelles soient responsables des caractères de chacun et de leurs particularités. Les constellations nous servent essentiellement à préciser notre position dans l'espace et à mesurer le temps. Mais ne soyons pas comme ce célèbre dilettante de l'astronomie qui l'admirait aveuglément en ce qu'elle permettait de fixer le poids, la composition chimique des étoiles et surtout de découvrir leurs noms ! Elles ne portent pas des noms qu'elles possèdent a priori, mais bien ceux que nous leur avons données et qui servent en partie de repères dans le temps ; c'est là que commence le grand problème de l'astrologie. Comment se fait-il qu'une époque, qu'une période donnée possède certaines qualités qui se reflètent dans les choses et les êtres qui les ont traversées ou qui y ont pris naissance, qualités qui permettent aussi de conclure en retour à l'époque où ces choses ont été engendrées ? Ce problème paraît d'un point de vue philosophique être extrêmement compliqué, alors que dans la pratique il est fort simple ; j'ai par exemple chez moi une vieille armoire dont un connaisseur compétent me dirait qu'elle a été faite vers 1720 à tel ou tel endroit, par tel ou tel maître. Comment le sait-il ? C'est là la science du bon antiquaire ! De même un fin connaisseur en vin pourra préciser l'année, le cru et la cave de tel ou tel échantillon. Il sait que le vin de telle année et de tel coteau, en raison des conditions particulières qui régnèrent alors, a acquis une saveur qui le distingue des vins que ces mêmes vignes livrèrent les autres années. Il en va de même des hommes ; nous sommes nés à un moment donné, en un lieu donné, et nous avons, comme les crus célèbres, les qualités de l'an et de la saison qui nous ont vus naître. L'astrologie n'en prétend pas davantage.
To Pr.B.V.Raman* - Bangalore/India

6 septembre 1947
Dear Pr.Ramn,
Je n'ai pas encore reçu l'Astrological Magazine, mais je veux quand même répondre tout de suite à votre lettre.

Vous voudriez savoir ce que je pense de l'astrologie ; il y a plus de trente ans que je m'intéresse à cette préoccupation de l'esprit humain. Ce qui m'intéresse avant tout en tant que psychologue, c'est la question de savoir comment la complication de certains caractères peut-être élucidée au moyen de l'horoscope. Dans les cas de diagnostic psychologique difficiles, je fais la plupart du temps dresser un horoscope pour disposer d'un point de vue, nouveau. Dans beaucoup de cas les indications de l'astrologie contenaient une explication pour certains faits que je n'aurais pas compris sans elle. D'une telle expérience j'ai tiré la conclusion que l'astrologie présentait un intérêt tout particulier pour le psychologue. Elle est fondée sur un fait psychologique d'expérience que nous appelons "projection" &endash; c'est-à-dire que ce que nous trouvons dans les constellations astrales, ce sont en quelque sorte des contenus de l'âme. A l'origine il en est résulté l'idée que ces contenus provenaient des astres, alors qu'ils n'ont avec eux, en fait, qu'une relation de synchronicité*.

Je conviens que c'est très singulier, et que cela jette une lumière étrange sur la structure de l'esprit humain.

Ce que je regrette dans la littérature astrologique, c'est surtout l'absence d'une méthode statistique par laquelle certains faits fondamentaux pourraient recevoir une base scientifique.
J'espère que ma lettre à répondu à votre question.
Yours sincerely
[C.G.Jung]
* L'en-tête de sa lettre est ainsi libellé :"Kaman Publications, Proprietor B.V.Raman ; The Astrological Magazine (India's Leading Cultural Monthly)."
* Par la suite, Jung a modifié par deux fois ce point de vue. Cf. lettres à A.Jaffé, 8 septembre 1951, n 2 et à Bender, 10 avril 1958.

15 novembre 1958 - To Robert L.Kroon
L'astrologie est une de ces méthodes intuitives comme le Yi-King, la géomancie et autres procédés de divination. Elle est fondée sur le principe de synchronicité, c'est-à-dire sur des coïncidences significatives. J'ai exploré expérimentalement trois de ces méthodes intuitives ; celle du Yi King, la géomancie et l'astrologie.

L'astrologie est une psychologie naïvement projetée dans laquelle les attitudes et les tempéraments humains sont représentés par des dieux et identifiés à des planètes ou à des constellations du zodiaque. Lorsque je travaillais sur l'astrologie, j'ai eu plus d'une fois l'occasion de l'appliquer à des cas particuliers.

On constate de remarquables coïncidences, par exemple la position de Mars au zénith dans le fameux horoscope de Guillaume II, qu'on a appelé le "Friedenskaiser". Déjà dans un traité médiéval il est dit que cette position signifie toujours un casus ab alto, un cas qui vient du haut.

Une telle expérience est très impressionnante pour un esprit versatile, peu sûre lorsqu'elle est aux mains de quelqu'un sans imagination, et dangereuse dans celles d'un fou, comme c'est le cas pour toutes ces méthodes intuitives. Si on s'en sert intelligemment, elle peut être utile lorsqu'on a affaire à une structure particulièrement opaque. Elle permet souvent des intuitions surprenantes. Sa limite la plus sûre est constituée par le manque d'intelligence et d'ouverture d'esprit de l'observateur. Elle constitue un intelligent aperçu comme peuvent l'être les lignes de la main ou l'expression du visage &endash; toutes choses dont un esprit stupide et sans imagination ne peut rien faire et à partir desquelles un esprit superstitieux tire les pires conclusions.

La vérification statistique des "vérités" astrologique est discutable et même improbable. (CF mon article "Synchronicity" ; an acausal connecting principle", in Jung-Pauli, The interprétation of nature and the Psyche, Bollingen Series, vol LI, New York, 1952 p83.).

Leur utilisation superstitieuse (qu'il s'agisse de la prédiction de l'avenir ou de l'établissement de certains faits à travers les possibilités psychologique) est fallacieuse.

L'astrologie diffère beaucoup de l'alchimie dans la mesure où la littérature historique en la matière consiste simplement en l'exposé des différentes méthodes qu'on peut utiliser pour monter un horoscope et pour l'interpréter, et non en textes philosophiques, comme c'est le cas pour l'alchimie.

Il n'existe pas encore de présentation psychologique de l'astrologie, compte tenu du fait qu'on ne dispose pas à ce propos du fondement empirique nécessaire à la démarche scientifique. Et la raison en est que l'astrologie n'obéit pas au principe de causalité, mais relève, comme toutes méthodes intuitives, de l'acausalité. Il n'est pas douteux que l'astrologie est aujourd'hui plus florissante qu'elle l'a jamais été dans le passé, mais en dépit de son usage de plus en plus fréquent, elle n'est encore explorée que de façon très insatisfaisante. Elle ne constitue un instrument heureux que si on s'en sert intelligemment. Elle n'est pas du tout à toute épreuve et, si c'est un esprit rationaliste et borné qui s'en sert, elle s'avère franchement nuisible.
Yours cordially,
[C.G.Jung]
Extrait de la lettre adressée au Docteur Michael Fordham &endash; le 18 juin 1954

Critiques majeures que je fais aux astrologues
Si j'ose me prononcer sur un domaine que je ne connais que très superficiellement, je dirais que l'astrologue ne considère pas toujours ses indications comme de pures possibilités. L'interprétation est trop littérale et trop peu symbolique, aussi trop personnelle. Le "zodiaque" et les planètes ne sont pas des traits personnels, mais plutôt des données impersonnelles et objectives. Aussi [elle aussi] l'interprétation des maisons devrait considérer plusieurs "couches de signification".
Il est évident que l'astrologie peut offrir beaucoup à la psychologie, mais ce que la dernière peut contribuer à sa sœur aînée est moins évident. En tant que je peux juger, il me semble qu'il serait avantageux pour l'astrologie qu'elle se rendrait compte de l'existence de la psychologie, surtout celle de la personnalité et de l'inconscient. Je suis presque sûr qu'on puisse en apprendre quelque chose de sa méthode d'interprétation symbolique. Il s'agit là de l'interprétation des archétypes (les dieux) et de leurs relations mutuelles, comme une aux deux arts. C'est la psychologie de l'inconscient qui s'occupe particulièrement du symbolisme archétypique.

A PROPOS DE L'APPLICATION DES STATISTIQUES À L'ASTROLOGIE
Voilà donc les extraits dont tout un chacun peut aller vérifier l'existence dans les ouvrages cités. On note, que sa pensée, d'une lettre à l'autre évolue. Et ce, plus particulièrement sur les statistiques appliquées à l'astrologie. Tout d'abord il la souhaite, puis, finalement, ne croit plus en son bien fondé. En effet, attardons nous sur cette affirmation :

"La vérification statistique des "vérités" astrologiques est discutable et même improbable. (CF mon article "Synchronicity" ; an acausal connecting principle", in Jung-Pauli, The interprétation of nature and the Psyche, Bollingen Series, vol LI, New York, 1952 p83.)"

J'avais lu par ailleurs Jung expliquer que dans sa tentative d'élaborer une théorie astrologique, il avait constaté qu'après l'avoir immédiatement validée avec plusieurs exemples, le lendemain ou quelques jours plus tard, il faisait le constat qu'elle était invalidée en voulant la vérifier, réalisant alors qu'il avait fait une erreur dont il ne s'était pas aperçu mais qui lui sautait aux yeux après vérification. Lire ceci m'avait frappé car j'avais constaté le même phénomène durant mes propres recherches**. Il en a conçu l'idée que le présupposé de l'observateur influençait son observation et que, de là, toute approche "statistique" s'avérait vaine, puisque irrémédiablement ne se trouverait validé que le présupposé du chercheur.

De là, d'ailleurs, toute sa pensée centrée sur la synchronicité, terme galvaudé à présent, mais dont la paternité lui revient.

Il convient de ne pas sous-estimer cette observation dans la mesure où elle a ensuite influencé un Wolfgang Ernst Pauli dans l'élaboration de sa théorie quantique ! Théorie qui a ensuite conduit tous les penseurs scientifiques à repenser la science, pour la sortir de l'univers euclidien dans lequel elle restait confinée depuis des siècles. Savoir que l'expérience des recherches d'un Jung en astrologie a conduit à un tel bouleversement de la théorie scientifique laisse songeur...

C'est en effet, lors des rencontres d'Eranos en Suisse que ce vivier de savants d'un nouveau genre a pu se rencontrer et partager des vues tout à fait novatrices, dont encore maintenant, certains devraient s'enrichir pour évoluer vers une vision du monde moins sectaire et cloisonnée. Notons au passage que Mircéa Eliade, premier historien des religions ayant réintroduit dans la pensée l'univers des chamans, fait aussi partie de ces penseurs proche de Jung qui ont considérablement influencé le XXème siècle et auguré d'une "nouvelle ère".

Jung, en tant que grand esprit, s'est versé dans l'étude de nombreuses traditions. Il cite plus haut l'astrologie, la géomancie et le Yi-King mais sa culture était vraiment "universelle". Versée moi-même depuis très jeune dans l'étude des sciences ésotériques, j'ai aussi expérimenté chacune d'elles à quoi il faut rajouter le tarot, la numérologie, les runes, la chiromancie, l'encromancie etc. Je crois bien d'ailleurs qu'aucune d'elles n'a échappé à mon insatiable curiosité intellectuelle, même si je me présente essentiellement comme astrologue, domaine où j'ai tout particulièrement cherché et approfondi ma pratique (à la différence de Jung qui n'avait vraiment approfondi que l'alchimie, mais lorsqu'il parle de connaissance "superficielle" de l'astrologie, ce au terme de 30 ans, il faut surtout y voir sa rigueur et sa modestie qui l'empêchent de se dire pleinement "astrologue". Un esprit tel que Jung, même en restant "à la surface" restera toujours bien plus pénétrant et profond que celui de l'individu lamba).

L'APPORT DE L'ESOTERISME À LA PSYCHANALYSE, ET INVERSEMENT
Ainsi, de ma propre expérience comme de celle d'un Jung, il me semble dangereux qu'un psychanalyste reste dans l'ignorance de ces dernières. On peut même parler de charlatanisme dans ce cas et je ne vise personne en évoquant certains psy "médiatiquement adoubés" croyant bon tourner en dérision l'astrologie. Là où Jung condamnait le manque de "psychologie" chez les astrologues, on est en droit aussi à notre époque de déplorer le manque de connaissances ésotériques chez certains psychothérapeutes actuels.

Dans le courant initié par des Eliade ou des Castaneda, on voit émerger une résurgence du chamanisme dans l'univers psy, mais bien des techniques thérapeutiques sont des emprunts pas toujours honnêtes à des techniques traditionnelles bien connues du Yoga plus particulièrement. Le danger consiste à utiliser ces techniques, souvent puissantes, sans les relier à une démarche d'éclaircissement de la conscience et donc d'évolution personnelle au plan mental. C'est à ce manque que l'astrologie karmique pallie selon la fonction traditionnelle de l'astrologue qui est "médecin de l'âme".

Mais certes, il faut de longues années pour être parfaitement formé aux "sciences de l'âme", toutefois, en l'absence de toute culture d'ordre symbolique, il devient très difficile d'appréhender le décodage du rêve, la compréhension de l'inconscient collectif, etc. C'est même de l'ordre de l'impossible. On s'étonne donc de certains astrologues qui voudraient paraître plus "psy" en évacuant l'approche de toute "mancie" et inversement, de psy dédaignant les "lumières" de l'astrologie. Celles-ci n'ont rien "d'archaïque" au sens de condamnable par l'esprit de notre temps, si l'on a réellement intégré l'approche psychanalytique et la bonne compréhension du phénomène de "projection".

Aussi ai-je déjà dit qu'ajouter le terme "psychologique" à celui d'astrologie me semblait relever du simple pléonasme. Mais c'est évidemment sans compter avec ces astrologues qui se croient dispensés d'acquérir ne serait-ce que les rudiments de la psychologie. J'ajouterai que certains, comme "vieilles âmes" peuvent effectivement s'en passer -et encore, "l'acquis de conscience" devrait leur interdire une telle lacune-, mais d'autres : pas du tout !

Quoi qu'il en soit, il faut rappeler aussi qu'au siècle passé, Jung a grandement influencé Rudhyar, père de l'astrologie dite "Humaniste". J'ai lu récemment par ailleurs que son contemporain, André Barbault, regrettait de n'avoir pas eu connaissance de l'oeuvre de Jung lorsqu'il a écrit "De la Psychanalyse à l'Astrologie". En effet, celle-ci n'était pas encore traduite en français tandis qu'elle l'était déjà en anglais, langue pratiquée par Rudhyar qui vivait aux Etats Unis. Ceci explique donc un certain "schisme" au sein du monde astrologique, mais qui n'a en réalité aucun fondement si l'on a une culture approfondie du monde astrologique et de ses sources d'inspiration. On ne peut nier que l'apport de la psychanalyse a "fait date" et marque un tournant majeur dans la pratique astrologique du XXème siècle. Notons que Ruperti, disciple de Rudhyar, avait été aussi disciple d'Alice Bailey.

Et il est tout à fait certain que si André Barbault avait bien lu C.G Jung, il aurait évité de se fendre d'un article "anti" astrologie karmique. J'ai beaucoup de respect pour André Barbault concernant son travail en astrologie mondiale, mais le voir prendre une position aussi contraire à l'évolution de l'astrologue ne lasse de m'étonner. Comme quoi l'humain, même éclairé par l'astrologie, peut faire montre de singulières contradictions voire d'anachronisme conceptuel.

Le mouvement Humaniste se distingue lui d'une astrologie occidentale traditionnelle par l'apport d'une part d'une vision "évolutive" et donc "en mouvement" du zodiaque, mais aussi par les vues psychanalytiques de Jung sur la vie de l'âme. Si ce n'est que tardivement que je "remâche" les vues de Jung dans le cadre de l'astrologie karmique, c'est toujours dans une même logique d'enrichir notre science des derniers apports de la pensée pour son exercice et sa pratique (Et les tenants de l'astrologie Humaniste l'ont bien compris qui viennent parfaire leur connaissance astrologique auprès de moi.)
Il ne faut pas omettre en effet que Jung évoquait dès 1932 l'existence de la Kundalini lors d'une conférence, qu'il a approché le tantrisme via l'ouvrage "la Puissance du Serpent", bref, que sa vaste intelligence a exploré bien avant tout le monde ce qui pour certain reste encore trop "exotique". Or, comment comprendre la pensée de Jung sans l'inscrire dans cette "totalité" au sein de laquelle elle est née ? Ce serait trahir l'esprit même qu'il a tenté de transmettre via notamment son concept "d'inconscient collectif".

Notons d'ailleurs que son livre relatant ses séminaires sur la kundalini n'a été traduit en français qu'en 1999, tandis que dans l'ABC de l'Astrologie Karmique, paru pour la première fois en 1998, je faisais le lien entre ses propos sur la libido et Pluton en lien avec cette énergie. Sans avoir lu cet ouvrage, donc, ses propos par ailleurs me semblaient tout à fait "connaissants" de cette dimension.

En France, nous avions un André Breton, lui aussi médecin dans l'âme, bien qu'il n'ait pas poursuivi dans cette voie, et son mouvement Surréaliste pour faire le même type d'exploration fondée sur les traditions orientales et initiatiques.

Parallèlement, Aurobindo, en Inde, riait de cette psychologie occidentale balbutiante mais surtout ignorante de bien des choses tout à fait explicites pour lui qui était versé dans l'étude des textes originaux indiens et qui avait fait l'expérience de l'éveil.

Ceci donc pour dire et pour conclure qu'il est tout à fait erroné de situer d'un côté la psychologie psychanalytique, et de l'autre l'ésotérisme et l'astrologie spiritualiste. On pourrait même dire, en exagérant à peine, que bon nombre de pathologies sont nées de cette fausse séparation et de ce "cloisonnement" contraire à la nature.

Tout psychothérapeute, s'il se veut compétent et honnête, se doit, de façon tout à fait impérative d'être formé en astrologie. C'est vraiment se priver sinon d'un outil incomparable d'investigation de la psyché mais aussi de capacité à resituer l'individu dans "sa totalité", ceci dans une vision holistique de la thérapie.

On peut certes se contenter du langage dans cette approche du décodage de la psyché, mais la connaissance du langage universel de l'astrologie constitue un indéniable plus, et surtout un gain de temps, tout autant que cela témoigne de la part du praticien d'une maturité conceptuelle dans l'approche des fondements de la psychanalyse et de la pensée jungienne. Sinon, il en reste au niveau du gadget New Age, avec le danger d'en mésuser.

Il reste très étonnant en effet que l'univers de l'astrologie et celui de la psy soient assez cloisonnés, la deuxième étant enseigné à l'université, tandis que la première non. Toutefois, à lire le Dr Olivier Chambon, psychiatre de formation dans l'ouvrage co-écrit avec Laurent Huguelit qui vient de paraître et qui a pour titre "Le Chaman & le psy" la formation universitaire en psychologie est très lacunaire pour le psychiatre qui sera obligé d'aller dans des écoles privées pour s'y initier. On ne s'étonnera donc pas que leur formation si lacunaire en fasse aux yeux de beaucoup de simples "pourvoyeurs de drogue".
Et c'est bien ici que des écoles telles que la mienne viennent a priori pour suppléer à une carence dans la formation du psychothérapeute.

Je relaterai d'ailleurs l'anecdote suivante où une de mes élèves m'a fait part d'un exposé qui lui avait été fait sur Jung dans le cadre universitaire. Je lui avais en effet conseillé, en complément des cours que je lui avais donné, de s'ouvrir à la pensée jungienne. Après l'avoir écoutée me relater son expérience, je lui ai immédiatement recommandé de cesser de suivre ces cours où il était manifeste que l'enseignant n'avait strictement rien compris à Jung et sa pensée. Elle est par la suite allé écouter une conférence de Michel Cazenave, sans aucun doute plus fidèle à l'esprit du maître.

Pour conclure, j'espère que ce présent article aura permis de comprendre le pourquoi de cette mauvaise compréhension (pour ne pas parler de trahison) ... On pourra lire l'ouvrage "Le Chaman & le Psy" où les auteurs, -de ma génération, précisons-le-, tentent de la même façon que je fais ici de décloisonner les univers de la psy et des approches plus "traditionnelles" telles que le chamanisme initié par Mircéa Eliade. On regrettera qu'aucun d'eux ne soit formé en astrologie, mais leur démarche est des plus salutaire et louable et converge donc avec la mienne puisque mon parcours m'a amenée aussi à reconsidérer l'astrologie comme un "chamanisme évolué" fondé sur les grands cycles naturels d'un "psychocosmos" au sein duquel l'homme s'inscrit. En matière de "carte" comme il est évoqué dans cet ouvrage, on n'a, à mon avis, pas trouvé mieux que le thème astrologique. Et Jung témoigne bien du fait qu'il a su s'en servir de cette façon, c'est à dire dans une optique thérapeutique. Il manquait cependant encore à l'époque ce supplément d'âme qu'apporte l'astrologie karmique pour que l'outil astrologique soit vraiment efficient en termes de médecine de l'âme...

© Laurence LARZUL - Le 28 mars 2010


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